Melchior GUINOT

De nombreuses recherches dans l’Indicateur marseillais (1842-1914) et dans la presse locale du XIXe siècle (accessible via Généanet), m’ont permis de retracer le parcours de vie de Melchior Guinot et l’origine de la rue de « l’Etoile » aussi appelée rue Guinot

GUINOT : une propriété, une rue

Lors d’une balade sur la colline de la Garde, je passe par l’impasse Guinot; ayant déjà rencontré ce patronyme lors de mes enquêtes sur Bompard, j’ai envie d’en savoir plus sur ce personnage.

Je consulte tout d’abord l’Indicateur marseillais de 1860 et trouve le nom de Melchior Guinot, chemin du Roucas Blanc. Puis le Dictionnaire des rues de Marseille m’apprend que « le 21 juin 1836, Melchior Guinot achète à Marguerite Simonet épouse Thénéon, une campagne de 0,6 hectare ». A noter qu’il existe aussi dans le 2e/3e arrondissement de Marseille une rue renommée « Melchior Guinot » en 1926, rue pour laquelle Adrien Blès ne donne pas d’autres précisions.

Les cartes anciennes de Marseille mentionnent entre 1860 et 1900, une propriété Guinot (voir carte ci-dessus) sise entre le chemin du Pont et le chemin Vagué à la mar (rue du Dr Fr Granier).

Bien que peu connu dans le quartier aujourd’hui, le nom de « rue de l’Etoile » m’est familier car ma grand mère, qui avait vécu jeune à Bompard, l’employait au lieu de rue Perlet ! L’Indicateur marseillais de 1896 recense cette « rue de l’Etoile » qui devient « rue Guinot » pendant quelques temps, les deux rappelant que Melchior Guinot était fabricant d’huiles de graines dans le quartier d’Endoume.

Naissance de Melchior Dominique GUINOT

Je me suis donc intéressée à Melchior Dominique Guinot : son acte de naissance indique qu’il est né le 16 Nivose an 9 (5 janvier 1801) de Charles, instituteur, et Marie Roux. La famille demeure rue d’Endoume isle 143, maison 16, section 20; la localisation de cette maison est difficile vue la division géométrique de la ville qui a été instituée durant cette période post-révolutionnaire.

La famille de Melchior GUINOT

L’acte de décès de Melchior Guinot paru dans la presse locale révèle les noms des membres de sa famille; les divers actes (naissances, mariages, décès) accessibles via les Archives départementales, permettent de préciser ces liens familiaux.

Les frères Guinot sont inscrits dans l’Indicateur marseillais ainsi que leurs fils; cela permet de connaitre leurs professions. Marc-Antoine et Melchior sont courtiers de commerce dans des locaux proches du port. Melchior, ancien courtier devient à fabricant d’huiles avec son fils Alfred et son usine est hors des remparts de la ville (comme son domicile, chemin du Roucas Blanc).

Melchior GUINOT , maire de Marseille

A l’occasion du décès de Melchior, de nombreux articles dans la presse locale et nationale rappellent qu’il s’est présenté aux élections du Conseil municipal comme candidat de l’opposition (quartier d’Endoume) contre son voisin Gounelle (voir carte des propriétés en haut de l’article) et qu’il a été élu maire à l’issue de ce vote.

Un autre article rappelle le parcours (contesté) de son père.

Les obsèques de Melchior GUINOT dans la presse

Selon leur orientation politique, les articles des journaux sont plus ou moins flatteurs :

« A son dernier passage à la mairie, il se distingua par son hostilité contre les processions…. il est mort « muni des Sacrements de l’Église « 

« il est mort dans des sentiments religieux et a reçu à la fin de ses jours les derniers sacrements »

« On lui prépare des obsèques pompeuses »

Jacques Charles GUINOT père de Melchior

Lors de son mariage avec Suzanne Roux, le 21 septembre 1791, Jacques Charles Guinot, né en 1751 dans les Vosges, demeure à Marseille place St Louis (actuel cours St Louis) depuis 18 ans. Il est « maitre es arts » : il s’agissait du diplôme délivré par une congrégation religieuse certifiant des études après le baccalauréat; il permettait à celui qui l’obtenait, de porter le bonnet « maitre es-arts » et d’exercer la profession de « maître ».

Ce titre fut supprimé en 1793 au profit d’instituteur, titre indiqué sur les actes de naissance des enfants de Charles GUINOT à partir de cette date.

La vie de cet instituteur père de famille, bascule au moment de la Révolution.

Des articles dans la presse évoquent quelques moments forts de sa vie en cette période agitée à Marseille :

-le 27 février 1790, il est chef de bataillon du district des Capucins.

-septembre-octobre 1792, il est dans la liste des 30 citoyens qui serviront de jurés dans le Tribunal populaire d’accusation au pensionnat de St Victor

-le 8 octobre 1793 (14 BRU an 4), il est nommé secrétaire général de l’Administration du Département des Bouches du Rhône; il demeure dans le domaine National dit « des Ignorantins ». Le 12 mai 1792, il parait comme « instituteur en chef du pensionnat des ci-devant frères ignorantins » dans un ouvrage sur les Bases fondamentales de l’Instruction publique.