Les nombreuses grottes naturelles de la colline offrent de précieux abris pendant les bombardements et surtout les combats de la libération. Dans cette atmosphère lourde, oppressante, empreinte du bruit de la guerre, de claustrophobie et de promiscuité parfois pesante, il y a toujours une petite place pour une anecdote plus légère.
Dans le jardin 7 rue Martin-Brignaudy, une soixantaine de personnes se tassent dans la vaste grotte de Mme Verdot. Mr Lattore, musicien de son état, ne quitte pas sa maison « Interlude », rue Peyronnet, sans son violon ; Lucien Russo se souvient de ces concerts très particuliers dans cette grotte, faits de valses et fracas de bombes.
Les enfants de l’école Bompard rejoignent la grotte du 137 Bd Bompard en passant par dessus le mur de leur cour. Un jour de l’été 44, Mr Filippi notre inoubliable coiffeur (144 bd Bompard) qui fréquente aussi cet abri, se rend compte qu’il a oublié son chien et retourne le chercher ; un soldat allemand posté à l’usine « Panamose » lui jette une grenade qui roule, le chien la poursuit et explose avec elle. Philosophe, le coiffeur raconte l’anecdote et conclut : il vaut mieux que se soit le chien plutôt que moi.
Mme Boullevault a dû cuisiner plusieurs jours dans ces mêmes lieux pendant la libération du quartier.
L’indication ABRI a perduré longtemps sur les murs du 137, puis l’usure du temps ou des travaux de réfection ont amené l’oubli.

Reste en souvenir ce petit pendentif d’époque conservé comme un porte-bonheur pendant six ans par Bapt Bonavia, prisonnier de guerre en Allemagne.
