Les restrictions


Suite à la signature de l’armistice, en juillet 1940, la France est divisée en deux zones : la moitié nord est zone occupée, la moitié sud zone libre. Aux rationnements de février 1940 (plus de chocolat, fermeture des charcuteries, bars et boucheries 2 ou 3 jours par semaine) s’ajoutent désormais les cartes commerciales interzones, les premiers bons « textiles » et les tickets pour chaque catégorie d’aliments.

Jo Bonavia et Annie Lippi photographiées sur la Canebière en août 1943, reviennent d’un long périple mensuel où alternent trajets en tram et marches à pied depuis Bompard jusqu’à Beaudinard, (à quelques kilomètres d’Aubagne). Chacune ramène dans son sac d’excursion 18 kg de légumes frais achetés directement aux paysans, de quoi améliorer la recette donnée par la Croix-Rouge à cette époque.

« Bouillon aux herbes »

Dans 1 litre d’eau,

60 gr d’oseille, 60 gr de cerfeuil,

60 gr de cresson, 60 gr de laitue.

 Salez le tout.

Nutritif et sain

Les rations alimentaires limitées varient selon les catégories de consommateurs : E (moins de 3 ans), J1 (3 à 6 ans), J2 (6 à 13 ans), J3 (13 à 21 ans), T (21 à 70 ans, travailleurs de force), C (cultivateurs), A (autres adultes) V (plus de 70 ans).

Les E, J, V ont droit à plus de lait, les T à plus de vin. Les journaux donnent quotidiennement la liste des denrées servies : le jour des œufs (ou 2 selon la catégorie), celui des pommes de terre…

« Ils nous prennent tout »  disent les ménagères obligées de s’inscrire chez un seul fournisseur. L’occupant prend tout ce qui lui fait plaisir et ne laisse aux Marseillais que ce qui ne lui sert pas.
Il reste les légumes communs, épinards, rutabaga, oseille, rarement choux, carottes ou navets. La ration de légumes est en principe de 250g par jour et par personne. Les marchés sont inexistants.

Conservée dans le cahier de cuisine de Jo, cette recette de « Galettes de guerre » !

Les ménagères, selon les conseils de la Croix-Rouge, confectionnent et utilisent une marmite norvégienne pour économiser le gaz. Dans un grand récipient capitonné on enferme une marmite plus petite contenant des aliments dont la cuisson a été lancée sur la gazinière et qui s’achève dans ce précurseur de la cocotte-minute.

Grille-café bricolé avec des boites de conserves

Sous le titre « Un seul plat, mais un bon » la page « cuisine » du journal Marie-Claire propose quelques recettes adaptées aux denrées disponibles alors : une tourte au rutabaga, carottes et boudin, des cannelloni composés de farine et d’eau (pâte ayant la consistance d’un mastic épais !), des galettes de guerre faites de farine, levure, un peu de sucre et un peu d’huile.

Dans un autre journal on explique la confection d’un ersatz de mayonnaise par gonflement de bentonite (sorte d’argile) dans l’eau ; on ajoute à cette gelée un peu de soude, du vinaigre et des épices !

« Les restrictions obligeaient les femmes à passer des heures chaque jour à faire des queues interminables devant chaque magasin. L’ennemi nous laissait juste ce dont il n’avait pas besoin. Après l’introduction du café « national » qui n’avait de café que le nom, apparition des textiles « nationaux » puis des chaussures » nationales. » Elles avaient des semelles de bois, produisant un bruit spécial à chaque passage féminin dans la rue. D A Lawrie, Les Enfants Pourchassés

Affiche du Secrétariat d’État à la Famille et à la Santé de 1943.

Vous avez toutes dans vos tiroirs quelques petits pelotons de laine de couleurs variées, c’est le moment d’en tirer parti à l’aide de ces quelques points de tricot. (Journal Marie-Claire de 1943)


Plus de bas de soie dans les commerces de lingerie ; les coquettes brunissent leurs jambes au brou de noix et tracent des coutures en trompe l’œil sur leurs mollets avec un crayon à paupières.


Les bricoleurs ressemellent les chaussures avec de vieux pneus

Les tickets conservés par les familles correspondent à l’année de leur suppression 1947,

Les cartes d’alimentation et coupons ci-dessus établis à la naissance d’un bébé ont été utilisés jusqu’en juillet 1949 pour l’obtention de lait et de charbon.

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