Les adultes
Le soir, et surtout l’été, les adultes occupent la rue : chacun sort sa chaise et son ouvrage pour prendre le frais et papoter sur le pas de la porte. Au bd M. Thomas, on fait une exception pour le 15 août. Ce jour-là, on fête la St Marius : les habitants qui se sont cotisés peuvent assister à un feu d’artifice, tiré depuis le coin de la Gavelière.
Les jeux des enfants
Les enfants trouvent un terrain de jeu idéal sur le Bd Marius Thomas, colline à l’état naturel au début du XXe siècle, avec rochers, terre et herbes folles. Ils peuvent lancer des cerfs-volants ou fabriquer des « pendule » avec une herbe en vrille ramassé là, sur la « montagne ». Les fillettes fabriquent des « souvenirs : elles creusent un petit trou dans la terre, y déposent une fleur ou un petit objet, puis le couvrent d’un tesson de bouteille. Les garçons jouent à « chincherinel », tapant avec un premier bâton sur un deuxième qui saute et qu’il faut rattraper en plein vol. Avec un goulot de bouteille, un vieux gant et des cuirs de cheval, ils créent des tourniquets. D’autres étrennent le diabolo fabriqué par le tourneur sur bois du vieux chemin d’Endoume qui s’est mis à la mode. Les jeune fument de la mauve séchée, et parfois un gitan tondeur de chiens fait la joie de tous en montrant son ours.
Même une fois goudronnée, la rue reste le terrain de jeu des enfants : les fillettes y tracent des marelles, jouent à la balle au mur, sautent à la corde ou à « chat perché ». Elles ne sont dérangées que par les carrioles des garçons, passant au milieu des cris et des rires. Elles sont admiratives et quelque peu envieuses car la carriole est le domaine réservé des garçons : ils la construisent avec quelques planches, des roulements à billes et une corde fixe sur l’axe de direction, et eux seuls peuvent ainsi dévaler les rues en pentes.
Souvenirs de Marcelle Peri-Dellepiane.
