Petite histoire du 211 rue d’Endoume
En 1830, Joseph Etienne, propriétaire sur la rue d’Endoume, fabrique des futailles et vend du bois. Plus tard, il fait rajouter des bâtiments, côté couchant, pour son nouveau commerce de salaisons : l’atelier de fabrication se trouve dans l’actuelle chapelle, le premier étage servant au séchage des conserves. A la mort du saussissaïre -1881- ses fils héritent du commerce qu’ils transforment bientôt en salles de bal. « Le Cercle Mireille » fonctionne les samedis et dimanches et, selon leurs moyens financiers, les danseurs ont droit à l’étage (l’élite) ou au rez-de-chaussée (le bas peuple).
A l’époque, chaque bar du quartier a son bal et le cercle Mireille ne résiste pas longtemps à la concurrence.
La famille Baudouin-Gounelle qui en hérite n’apprécie pas les bals populaires et met le local à la disposition de la paroisse. Aménagée au rez-de-chaussée, la chapelle de N D Auxiliatrice est offerte aux Salésiens qui ne viennent pas. Vers 1892, les Capucins y installent leur procure et assurent le service religieux dans la chapelle jusqu’à leur expulsion en 1902.

En 1904, la cour de l’Œuvre a besoin de travaux; l’abbé Gennari, nouveau directeur, aidé de quelques jeunes, la débarrasse des écueils calcaires qui l’encombrent, puis transforme le hangar en théâtre. Lorsque le domaine Rossi, mitoyen, est morcelé, l’abbé achète la parcelle qui prolonge la cour côté sud, augmentant ainsi l’aire de jeu d’un tiers. Jusqu’à sa mobilisation, en 1914, l’abbé met toute son énergie dans l’amélioration de la cour : il fait apporter des déblais pour mettre à niveau le terrain en pente, envisage la construction d’un préau et multiplie les démarches pour l’obtention de dons. Son projet se concrétise juste avant la guerre.
En 1906, l’abbé Dumaine prend la décision de déménager les garçons au 211 à la place des filles qui vont au 285.
Des lors, dans des locaux spacieux, dirigé par un abbé énergique et aimant les enfants, le patronage ne cesse de progresser.

Il est très émouvant de retrouver dans le Livre d’Or de l’Œuvre les noms de tous ces jeunes (dont mon père) formés par l’abbé Gennari et ses successeurs durant tout un siècle.

En 1920, Mme Baudouin, grande bienfaitrice de l’Œuvre pense qu’il faut en assurer l’avenir ; en accord avec son gendre, le comte de Villechaise (propriétaire du château Valmer) elle offre les locaux à la congrégation sous forme d’une société civile, ce que supporte difficilement le nouveau curé de St. Eugène, l’abbé Pellenc.
L’Oeuvre du père Gennari
On ne peut parler de cette œuvre sans évoquer la forte personnalité envoyée dans cet Endoume anticlérical en 1904 : le Père Gennari.

Dans ce quartier où, dit-il :
« les enfants sont durs à comprendre comme le rocher de nos collines, les adultes paresseux, indifférents, sauvages, si peu chrétiens »
à une époque où les lois de séparation de l’Église et de l’État suscitent de nombreuses escarmouches, l’abbé sait s’imposer.

Les compagnies créées par l’abbé Gennari (Blancs…Bleus…) dans la cour de l’Œuvre
Don Camillo avant l’heure, il enlève la soutane pour aller tenir tête et même corriger ceux qui l’insultent ou l’injurient. Il n’hésite pas à monter sur un échafaudage pour demander des explications au maçon qui l’a insulté, ou encore rentrer dans un bar d’où a fusé une injure en disant : j’ai entendu un âne braire, où est-il ? Et bravant le silence : la prochaine fois, il aura son foin !
Ainsi s’établit au delà de sa mort le 16 juillet1925, la renommée du père Gennari.

