Un crime presque parfait.

Le 6 mai 1891, le commissaire d’Endoume est appelé pour constater le décès d’Anna Faure, villa Rose, chemin du vallon de l’Oriol.

Servante du couple Cournou-Clémencet, la jeune fille s’est noyée, sa perruche à la main, dans un bassin encadré par deux escaliers. Le lendemain, lors de la reconstitution, il est établi que le jour de son décès, Anna est allé accompagner la petite Clémencet à l’école du vallon, puis s’est rendue chez le droguiste-cabaretier Besson (2 rue Peyronnet) pour acheter de la ficelle. La marchande de journaux a vu la dame Clémencet quitter la villa, fermer la porte à clef (on note qu’il existe une porte secondaire traverse Chanot) et prendre l’autobus à chevaux ainsi que Cournou. Le Dr Flaissière conclut à un accident.


Lors du 4° examen de la villa, le juge d’instruction est en mesure d’établir la culpabilité de Cournou. Voici des faits à sa charge:

– Auteur de plusieurs escroqueries, il a réussi à se fabriquer un casier judiciaire vierge ; il n’a pas voulu payer l’enterrement de sa 1° épouse !

– Employé des tramways, il gagne 0,95 f/mois et loue (pour le standing) une villa 100 frs au vallon (il habite place d’Aix)…

– Il a recruté dans les Alpes « j. f. 20 ans, physique agréable, discrète, ne connaissant personne à Marseille »

– Il contracte pour son ami Ardisson (amant de la dame Clémencet), une police d’assurance sur Anna, la signe à la villa et verse la 1° échéance…


Le 4 juin, après une période d’isolement, sans interrogatoire, la dame Clémencet souffrant de ne plus voir sa fille craque :

Ardisson n’est qu’un tricheur, c’est Cournou qui a tué Anna. Et elle raconte : le jour du crime, Cournou a demandé à la jeune fille de venir l’aider à mesurer le bassin avec la ficelle achetée chez Besson, la pousse, lui maintient la tête sous l’eau. On fait alors cacher le peignoir rose d’Anna chez Ardisson, rue Nègre (peignoir que la jeune fille portait le jour de la signature de la police d’assurance).


Le jugement est rendu le 22 décembre 1891 : la dame Clémencet, âgée de 25 ans est condamnée à 15 ans de travaux forcés. Cournou, âgé de 38 ans est condamné à la peine capitale et exécuté le 15 avril 1892. Nicolas Ardisson, marchand de grains, âgé de 55 ans, acquitté, décède à son domicile le 21 septembre 1898.

Cette histoire a fait le objet d’une complainte.

Le compte-rendu du procès dans les 2 quotidiens locaux :

https://www.retronews.fr/journal/le-petit-marseillais/22-decembre-1891/437/1585669/3

https://www.retronews.fr/journal/le-petit-marseillais/23-dec-1891/437/1589457/3

https://www.retronews.fr/journal/le-petit-marseillais/23-dec-1891/437/1589457/3

https://www.retronews.fr/journal/le-petit-provencal/22-decembre-1891/677/3173337/3

https://www.retronews.fr/journal/le-petit-provencal/23-dec-1891/677/3173633/1

https://www.retronews.fr/journal/le-petit-provencal/24-dec-1891/677/3173627/2

Les témoignages des habitants du quartier(cf Le Petit Marseillais du 23 décembre 1891) sont intéressants :

CHAPPART, secrétaire de police à Endoume, BESSON Jh, restaurateur, rue Peyronnet, CASSISTRE Antoine, pilote retraité, vallon de l’Oriol, ROUX Fanny, vallon de l’Oriol 20, BAURIOT Adélaide et FAILLARD Mathilde, religieuses de St Charles, SALLIES-BESSON Rose, épicière, vallon de l’Oriol, POLOBIO Jh, cocher, rue Chateaubriand 25, DELAYE Jh, conducteur d’omnibus, Ch. d’Endoume, PIERREDON, conducteur d’omnibus, rue Sainte 143, RAMEL-MOURET Marie, blanchisseuse, Bd Bompard 30, JAUFFREY Rose, journalière, rue Charras 33, NEPLES Philo, domestique, vallon de l’Oriol, MOLIGNI, mineur, rue Chateaubriand, GANTES Edouard, boulanger, vallon de l’Oriol, GUGLIELMI Fanny, épicière, pl St Eugène, BORRELLY-MOUREN Adèle, concierge, ch. de l’Arlequin, ALBERTIN-COUSSY Julie, ménagère, rue St Eugénie 70, MOISSET Clément, curé St Cassien, SENEZO-RICARD Marguerite, Bd Autran, LEBOEUF Anna, vallon de l’Oriol

Cournou et l’étrange collectionneur d’autographes.

Ardisson est décédé à son domicile le 21 septembre 1898

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