Cette école est créée dans des locaux loués par la ville au 160 (actuel 120) chemin vicinal du vallon de l’Oriol (qui va de la rue d’Endoume à la Corniche). Le directeur, Mr Féraud, né le 30 octobre 1842 à Trest, a été normalien de 1858 à 1861. L’école ouvre avec une seule classe de 38 m2 qui reçoit 55 élèves et un cours gratuit de 25 élèves. En 1897 l’école comprend trois classes de 40 m2, une cour de 287 m2, un jardin de 147 m2 et un préau.
Le musée scolaire créé en 1881 conserve savon, coquillages, huiles, graines et minéraux. En 1882, selon les Instructions Mr Féraud dirige des exercices militaires. Un cours d’adultes (25) pour lequel la Ville ne fait aucune dépense est annexé à l’école du vallon de l’Oriol.
En 1885, le Comité des Fêtes de Charité du vallon de l’Oriol fait don de quatre livrets de 20Frs chacun à l’école laïque de garçons du vallon de l’Oriol et de deux livrets aussi de 20Frs à l’école Iaïque de filles du vallon de l’Oriol pour être distribués aux élèves les plus méritants. Un rapport de 1897 nous apprend que le Secours aux élèves est composé de 137 objets de classe, 14 vêtements et quelque argent, et qu’une fête patronale chômée a lieu en août à date variable.
La bibliothèque renferme 57 livres parmi lesquels surement Le Tour de France par deux enfants dont voici un extrait :
A l’école il y a les livres que Mr l’instituteur prête aux écoliers laborieux… Julien était tout heureux d’employer ses soirées à s’instruire… Les écoles, les cours d’adultes, le bibliothèques scolaires sont des bienfaits de votre patrie. La France veut que tous ses enfants soient dignes d’elle, et chaque joue elle augmente le nombre de ses écoles et de ses cours, elle fonde de nouvelles bibliothèques, et elle prépare des maîtres savants pour diriger la jeunesse (G. Bruno).
Les travaux manuels : « inscrits au programme sont encore peu en l’honneur dans nos écoles, parce qu’on en comprend pas assez l’importance sociale et l’intérêt moral, regrette l’Inspecteur d’Académie A. Beurrier. L’école primaire doit faire des ouvriers et les initier le plus tôt possible au goût et à l’aptitude au travail des mains, sans essayer de se transformer et de se spécialiser en ateliers ». Les répartitions sont étalées sur 4 trimestres. Au C.E. : nœuds, tressages, vannerie, révisions. Au C.M. : treillages, étude des outils de menuisier, serrurier, révisions. Au Cours Supérieur : travaux de menuiserie, serrurerie, dessin et modelage, travail au tour. On notera que dans les écoles primaires il n »y a pas de C.P., mais une section enfantine qui reçoit les enfants de 6 ou 5 ans pour un ou deux ans.
Les directeurs et leurs adjoints : 1900-0906, COUILLET et THUBERT adjoint. 1907 L. MICHEL. 1914 : Zéphirin OLLIVIER directeur, Marin TABOURET et Félix ZABOT. 1921, Mr HUE est le directeur. Se succèdent en 1925 B. VARESE; en 1940 GIRAUD et BARBAROUX adjoint; après la guerre Mr AUPECLE qui assure le transfert de l’école du vallon de l’Oriol au Bd Amédée Autran.
La Ville loue les locaux depuis la création de l’école (1866).

Ce rapport relatif au projet de rachat de l’immeuble sis à l’angle vallon de l’Oriol / traverse de l’Avenir par la ville de Marseille en 1903, dresse un état intéressant de l’école de garçons qui l’occupe. Curieusement les mesures données ne correspondent pas aux chiffres donnés en 1897. La cour de 343 m2 en terrasse est ombragée par douze platanes et se prolonge en contre-bas par un jardin de 230 m2. L’école composée de deux corps de bâtiments comprend trois classes : une au rez-de-chaussée et deux au 1° étage ainsi que deux appartements (sept pièces pour directeur et adjoint).
Le rapport indique clairement « c’est une ancienne Poudrière« . Un article paru dans la presse locale le 8 août 1856 permet de le confirmer : ce fut un entrepôt de poudre de mine.

La poudre de mine est un explosif utilisé à cette époque pour les travaux publics. Mais qui était l’utilisateur de cette poudre ?
Le recensement indique à cette adresse en 1856 un mineur (ouvrier chargé de placer les charges d’explosifs à la base d’un ouvrage ou d’un obstacle pour le faire sauter dans le cadre de travaux (pont… tunnel…). Il est à noter qu’à cette époque ont lieu les travaux de construction de la Corniche entre le Rond-Point du Prado et l’anse de la Fausse-Monnaie.

L’école vue depuis Bompard avec sa cour et ses douze platanes.
Suite au rapport défavorable de son architecte en chef, la ville n’achètera pas l’immeuble estimé 25000 f au lieu des 57000 demandés par le propriétaire. La ville continuera donc à le louer bien que le prix de la location annuelle, 2800 f, soit trouvé lui aussi trop élevé en 1903.
A titre de comparaison : à la même époque, traverse Pey, une propriété de 1500 m2 complantée d’arbres d’agrément avec grande villa sur deux plans, buanderie et dépendances se vend 13000 f.; rue va à la mer, une maison de maître élevée de deux étages sur rez-de-chaussée avec remises, écuries, logements des cochers, orangerie, entourée d’un grand jardin est acquise pour la somme de 27000 f.
Ce rapport estimatif suscite encore quelques questions car il précise « construction à deux étages » or l’immeuble aujourd’hui en compte trois ; l’architecte y suggère l’acquisition de la propriété contiguë au levant pour agrandir l’école.

La propriété contiguë était-elle la tour que l’on voit sur le tableau de R. Mayer ? (collection Simone Maurel); c’est probable, car on la devine sur la photo prise depuis Bompard voir plus haut).
L’école fonctionne dans ces locaux jusqu’en 1949. A sa fermeture, les classes sont hébergées momentanément dans les écoles proches : le Terrail, Chateaubriand et à mi-temps à l’école de filles du plateau Bompard, avant d’être transférées à la villa « La Garde », acquise par la Ville, à laquelle ont été rajoutés deux préfabriqués. En 1969 les nouveaux locaux entrent en fonction. L’école garde quelques temps encore le nom de vallon de l’Oriol.

L’ancienne école vue depuis Bompard en 1985.
Après avoir hébergé le Foyer Corse et subit des aménagements, l’immeuble abrite désormais des logements. Un cyprès a remplacé les platanes, mais le bâtiment en forme de tour subsiste (visible sur la photo ci-dessus).
