Cette somptueuse bastide a été créée par l’ingénieur Paulin Talabot, qui, grand amateur d’horticulture, l’agrémenta d’un remarquable parc, et aussi d’une chapelle. A sa mort la propriété, vendue aux enchères, fut partagée entre le comte Houitte de Lachesnais et la Sté Foncière du Roucas.
Paulin Talabot
Créateur de la ligne de chemin-de-fer de Paris à Marseille (P.L.M.), Paulin Talabot acquiert en 1865 plusieurs parcelles sur le versant S.O. de la colline de la Garde.

Vue aérienne I.G.N. 1926
Sur ce domaine de 25 hectares il fait construire un château dans le style Louis XIII, qu’il appelle modestement « La bastide du Roucas » ; cependant le terrain qui l’entoure est un véritable secadou (séchoir en provençal) ! Talabot le fait transformer en un magnifique parc arboré grâce à un apport de nombreux tombereaux de bonne terre et une irrigation devenue possible avec l’eau amenée sur la colline de la Garde depuis le nouveau réservoir de Vauban.

Mémoires de l’Académie des Sciences, belles lettres et arts de Marseille, 1904. Au début du XXe siècle, le château se détache au milieu des pentes arborées du Roucas.
un passionné de botanique et d’horticulture.
De nombreux articles dans la presse locale de l’époque font état des plantes remarquables qui apparaissent dans la propriété de ce passionné de botanique et d’horticulture : l’Arundinaria Japonica -espèce de bambou, les Nélombos -plantes d’eau, les lauriers d’Apollon, les eucalyptus ….

Antoine Marion, ami et hôte du château. Une rencontre fortuite est à l’origine d’une solide amitié entre l’ingénieur et le jeune naturaliste, futur professeur à la Faculté des Sciences de Marseille.

Mémoires de l’Institut Historique de Provence 1929
La lutte contre le phylloxera.
Sur l’initiative de Paulin Talabot, un comité fut créé à Marseille le 7 février 1876, dans le but de tenter dans la région provençale, divers essais contre le phylloxera. C’est Marion qui fut chargé de l’exécution des expériences.
Sous l’égide de la Cie des Chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée, qui inquiète des diminutions du trafic que pouvait provoquer l’anéantissement progressif des vignobles du Midi par le phylloxera, il fit appel à Marion qui trouva très rapidement comme remède l’emploi du sulfure de carbone et inventa tous les appareils nécessaires à l’application.
Les expériences concernant ce nouveau procédé pour la destruction du phylloxera ont lieu sur la propriété de Talabot.

Succès partagé entre Marion, l’inventeur, et Talabot grâce à qui les expériences ont lieu.
Les hôtes célèbres de Paulin Talabot. La Bastide du Roucas, renommée tant pour son parc que pour la vue qu’elle offre, reçoit des amateurs d’horticulture et des artistes.

Le décès de Paulin Talabot. Le faire-part de son décès (20 mars 1885) mentionne tous ses titres et médailles; pour les obsèques de ce châtelain d’origine bourgeoise, sa famille a remis en usage les « litres » funéraires, exposant sur les tentures noires de l’église, son insigne de commandeur de la Légion d’Honneur.

Le comte de Lachenais
Après la mort de Paulin Talabot (1885) et de son épouse Marie Savy (1889), le domaine est vendu aux enchères (1892).


Collectionneur de plantes rares, le comte poursuit et accentue le développement des jardins de « la bastide du Roucas-Blanc »; son nom figure dans la presse locale et les revues spécialisées (Bulletin de la Sté Nationale d’Acclimatation) ainsi que celui de son jardinier, Alexandre Bernachot. Il reçoit les participants de différents congrès (Production coloniale, Rosiéristes…).

La revue « Lyon-Horticole » fait paraitre un article qui décrit avec beaucoup de détails le parc du château. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k53247176/f177.item
Le journaliste de cette revue, Philippe Lavenir, conclut :

Les réceptions au château. Peu après l’acquisition du château, Mr et Mme de Lachesnais y fêtent le mariage de leur fille (1893) :

Dès lors, les diners et déjeuners donnés par le couple dans leur résidence princière sont régulièrement évoqués dans « La Vedette », revue « Politique, Mondaine et Littéraire »

La chapelle du château

Photo Etienne Stalla.
Les processions du T. S. Sacrement se rendent à la Bastide du Roucas après l’acquisition de la propriété par le comte Houitte de Lachenais, bon paroissien de l’église St-Cassien (vallon de l’Oriol). Elles sont évoquées dans le bulletin du patronage « L’Avant-Garde » 1922 et 1925, et dans la presse locale en 1927.
20 juin 1922 : procession du T. S. Sacrement à la propriété de M. de Lachenais (château Talabot). Il y a la musique de l’Oratoire St-Léon. Vingt quatre enfants en costume d’anges remplissent les fonctions d’enfants de chœur. Sermon de Mgr Champavier. Une délégation de l’Avant-Garde porte le drapeau.
2 juillet 1925 : Procession du T. S. Sacrement à la magnifique propriété de M. de Lachenais. La musique de l’Oratoire St Léon et de l’Avant-garde accompagnent les cantiques et exécutent fort bien quelques marches religieuses.

et la chapelle devint l’entrée d’une villa !
Le domaine a été vendu en 1931 et démembré, puis vendu en copropriété en 1980. La chapelle néo-gothique qui n’avait jamais été entretenue subit une transformation originale en 2016.

