En 1868, s’est déroulé à Marseille pendant trois jours (12, 13, 14 avril) une cavalcade historique rappelant la visite de François 1er à Marseille (22 janvier 1516). Le défilé pompeux, organisé par une œuvre de charité afin de récolter de l’argent pour les pauvres de la ville, fut annoncé dans toute la presse régionale. Alfred Gounelle y représentait le personnage du roi.

Alfred Gounelle représente le roi François 1er.
Un compte-rendu très complet parait dans « Le Sémaphore » : https://www.retronews.fr/journal/le-semaphore-de-marseille/12-avril-1868/1191/2927433/1 retranscrit ci-dessous :
Première journée
La Passade : c’est l’annonce faite par le crieur de la ville de l’arrivée prochaine du roi dans les murs de Marseille et des cérémonies qui marqueront l’entrée solennelle du souverain. Donc, dimanche, à l’entrée de la nuit, depuis sept heures du soir, des hommes d’armes revêtus de tabars aux couleurs de la, ville en compagnie du timballier, parcourent nos principaux quartiers. Un corps de musique, également costumé d’après les modes de l’époque, exécute une marche sur un rythme du temps. Tous ces soldats, hallebardiers et massiers, sont escortés par des porteurs de torches.
Deuxième journée
Le cortège municipal (départ du Palais Longchamp) : les gardes à cheval avec leur costume aux couleurs de Marseille … le corps des tambourins, ménétriers revêtus de capes aux revers de diverses couleurs… un groupe d’ enfants avec des banderoles blanches et bleues… de gros tambours et une seconde compagnie bourgeoise (Blanquerie)… Le char portant les attributs du commerce, traîné par quatre chevaux supporte un immense trophée de produits divers, des sacs de café, des barils de sucre, et de deux superbes vases s’échappent des étoles, des tissus, enfin une ruche et toute une collection d’objets de commerce. Le char des arts et de l’industrie : au centre s’élève un édifice renaissance aux angles duquel sont des niches occupées par des figures allégoriques, musique, peinture, sculpture, architecture, le tout couronné par le génie des arts. Le char de la tour Sainte-Paule. La tour est défendus par quatre dames ; à leurs pieds quatre soldats du connétable de Bourbon, accroupis et enchaînés. Le char de la navigation et de la pêche. C’est un navire couvert de pavois et monté par des pêcheurs et des marin. Le prince d’Amour sur son cheval, entouré de plusieurs hauts bourgeois, petite autorité de l’ancienne Phocée, vient s’incliner devant le roi. Viennent à la suite, la musique de la ville, des gardes et des gens en livrée, le cavalier de Saint-Lazare , un cavalier portant l’étendard de Saint-Victor sur lequel une inscription rappelle les hauts faits de Marseille. Trompettes et timballier précèdent les trois consuls, Jean de La Cépède, Jean Ferlat, Marcelin Fantin, l’assesseur Nicoles de Vincens et leurs valets de pied ; ils sont suivis par les conseillers de la ville et des notables. Les prudhommes des patrons pêcheurs. Deux chars ferment ce cortège rappelant le but de cette fête : surmontés de corbeilles gigantesques ; ils reçoivent le produit de la quête « Pour les pauvres».
Le cortège royal (départ de la place Castellane) dans lequel figurent outre le roi et ses fils, de hauts fonctionnaires de la ville et de la Provence, de nombreux ambassadeurs, de grands personnages appartenant à la cour de France, trompettes à cheval, gardes suisses, massiers, écuyers, valets, arbalétriers, porte-étendards etc Le roi est précédé du viguier de la ville, du grand sénéchal de Provence, du grand prieur de Saint-Gilles et du commandeur de Marseille. Viennent ensuite les ambassadeurs.
Le roi se présente enfin. Le groupe royal est complété par Triboulet, joyeux compagnon portant gaiement sa marotte et ses grelots ; une foule de seigneurs ferme la marche.

Place St-Ferréol : les spectateurs assis sur de vastes gradins devant la préfecture assistent à la rencontre des deux cortèges et à l’installation du roi sur le trône.

La farandole et l’estrade du roi devant la Préfecture.
Les intermèdes. La treillo farandoulo, divertissement provençal dans lequel les danseurs sont reliés par des guirlandes de fleurs saluent le roi et la foule s’entrelacent, se croisent. Leu chivaoux frux, quadrille exécuté par les cavaliers du prince d’Amour. Les olivettes. Des danseurs en costumes de l’époque exécutent ce jeu au son des tambourins. Ronde gracieuse où chaque danseur tenant à la main un ruban et, tournant autour d’un mat, les faveurs multicolores s’entrelacent, se nouent et se dénouent d’une façon fort ingénieuse.
Les jeux terminés, les cortèges se remettent en marche. Arrivés au fort Saint-Jean, les membres de la cavalcade assistent au départ du roi sur un canot décoré dans le style de l’époque, s’est embarqué pour aller visiter le Château d’If.
Troisième journée
Au château Borely ont lieu le tournois et le carrousel. Tournois : fêtes guerrières où on combattait à armes courtoises et à cheval. Carrousel : exercice de parade où des cavaliers exécutent des évolutions variées.

Le tournois devant la Tour Sainte-Paule.
« Le Mémorial d’Aix » fait un compte-rendu concis de la fête :

Petite histoire du « roi » Gounelle en marge de la cavalcade :

Sies esta rei treis jours. En conclusion de cette fête grandiose qui a marqué Marseille, ce bel hommage de Jules Lejourdan, poète provençal :

