En 1864, les fourneaux Eugène Sauvaire et la blanchisserie Hippolyte Trouin sont les seules activités industrielles sur bd Bompard (qui s’arrête au niveau de la rue Rigaud).

la fonderie de métaux

Au milieu du boulevard Bompard seul apparait dans l’Indicateur marseillais de 1864 le nom d’un fabricant de fourneaux, E. Sauvaire (qui perdure jusqu’en 1875).
Dans l’I.M. aucune indication d’industrie de 1875 à 1890 où est inscrit un distillateur; rien au N° 38 jusqu’en 1899 où apparaît le nom de J.B. Four fils, fonderie de métaux.


Explosion dans la fonderie. De nombreux articles de presse relatent l’accident et nous apprennent que décèdent : Rainieri Lischi, 52 ans, marié et père de 3 enfants, demeurant tr. des Mèches (quartier St Lambert) et Jean Guillemain, 52 ans, célibataire demeurant rue St-Laurent 22. Le médecin accouru après l’explosion est le Dr. Fs. Bagarry; le commissaire de police du 21e arrondissement chargé de l’enquête est M. Auguste Dugat-Establier.
Par la suite le numéro 38 du bd Bompard devient le 54 et le 56.


Le pesage. Les véhicules chargés des matériaux à fondre étaient pesés à l’entrée de la fonderie. Le porche en pavés traditionnels et l’aire de pesage ont été conservés (photo MB 2020).
Nuisances : dans une correspondance retrouvée par sa famille, Hippolyte Trouin demeurant 51 Bd Bompard dénonçait en 1927 les nuisances produites par la fonderie (sa blanchisserie était mitoyenne de l’usine et sa maison lui faisait face). La réponse de J B Four était sans appel :
« la fonderie existe depuis le 20 janvier 1899. Les établissements de 3e classe ne présentent aucun danger pour l’hygiène et la santé publique et pour cette raison sont autorisés dans tous les quartiers de la ville« .
Un demi-siècle après, lors de la construction de l’immeuble, 56 bd Bompard, les nuisances sonores dues aux marteaux-piqueurs attaquant le terrain à longueur de journées ont perturbé le quotidien du quartier pendant de nombreuses semaines; un jour, des coups de fusil ont été tirés sur le chantier par un riverain à bout de nerfs !
la blanchisserie phocéenne
Lors des travaux de rénovation de l’immeuble sis 62 bd Bompard, espace un peu mystérieux que les Anciens du quartier appelaient « la cour des miracles », je découvre des inscriptions (disparues depuis) « Conseil d’administration », ainsi qu’un monogramme marqué H T (conservé après les travaux).

Interrogés, les anciens du quartier se souviennent avoir vu sur Bompard, des marins en tenue amenant le linge dans ce qui était alors la « blanchisserie maritime ».

La période du confinement a permis à Maurice Trouin de plonger dans les nombreuses archives laissées par son grand père, Hippolyte Trouin, propriétaire de cette usine. J’ai pu ainsi retracer l’historique. de la propriété et de la blanchisserie.
Reconstitution de la propriété d’après un plan partiel joint à l’acte de vente du terrain par Fs. Bompard à H. Trouin en 1862 :

Origine de la propriété : accompagnant l’acte de vente par Mr Bompard et les hoirs de dame Eugénie Chauvet à Mr Trouin, ce plan révèle l’existence d’un mur en pierres sèches, mur qui correspond aux limites des parcelles appartenant au dit Bompard, représentées sur un plan de la ville de 1837.

Le recensement de 1886 révèle que ce terrain était alors enregistré sous le nom de campagne Carvin.

Acte vente le 4 octobre 1904 Hippolyte Fulcran Trouin, son épouse et leurs deux fils Hippolyte Marius et Charles Marius vendent conjointement et solidairement à Joseph Régis, négociant 1) un fond de commerce de blanchisserie 2) et un immeuble…. la partie vendue comprend une grande construction à usage d’habitation et d’ateliers, divers hangars et d’un terrain, elle est d’une superficie de 2000 m2 environ
Dans l’indicateur marseillais de 1920, L. J. Régis en est propriétaire. Le numéro 50 est devenu 62.

