Le relief et les fortes pentes de la colline de La Garde ont été à l’origine de l’urbanisation tardive de cette partie « hors des murs » de la ville. Aux premières voies de pénétration dans ce secteur (rue d’Endoume, chemin du vallon de l’Oriol, rue Va-à-la-mer, chemin du Roucas Blanc, chemin de la Corniche) se sont ajoutés des voies étroites et de nombreux escaliers à l’entretien difficile.
Alfred Saurel décrivait ainsi le vallon de l’Oriol en 1875 : « …C’est un réseau inextricable de chemins tortueux, de ruelles extravagantes et d’impasses perfides, sans indications. Et partout grimpent entre les murs, des escaliers casse-cou dont l’extrémité se perd dans les pins ou dans le bleu du ciel… Des hauteurs, l’ensemble est charmant…mais après avoir exploré le dédale des chemins, ruelles et impasses, j’évite… »
État et entretien des voies de circulation
Les voies principales à la fin du XIXe siècle sont seulement empierrées, (ce qui est moins onéreux mais surcharge les services municipaux en réparations et réfections permanentes de ces voies). Pour mieux supporter le réseau ferré des tramways, les grands axes sont pavés (cubes en porphyre bleu de l’Estérel*).
De nombreuses ruelles sont toujours pierreuses et ravinées les jours d’orage… les talons des dames en souffrent… Les nombreuses échoppes de cordonniers travaillent beaucoup ! (En 1910, Marseille compte près de 530 cordonniers-bottiers dont 26 sur la colline de la Garde)..
« Les jours de pluie de véritables torrents de pierres et de boue dévalaient de l’Arlequin allant obstruer les rails sur la rue d’Endoume. Le tramway s’arrêtait, les employés dégageaient les rails pour que l’on puisse repartir » se souvient P.Dubourdeaux.
Quand aux trottoirs, leur bordure est généralement constituée en pierre de Cassis, c.à.d. en calcaire urgonien*, découpé en dalles parallélépipédiques. (Monographie des B.du.R. 1935)
*La géologie était au programme des classes de 4e dans les années 50,
Après la guerre de 14-18, la circulation automobile remplaçant la traction hippomobile, la plupart des rues sont goudronnées ou bitumées.
Les ordures ménagères
Les ordures ménagères sont ramassées dans des couffins, puis transportées par des tombereaux tirés par 1 ou 2 chevaux. Ils sont remplacés en 1921 par des camions automobiles de triple contenance.

Pour les quartiers Sud, les chevaux sont regroupés à la ferme du nettoiement, rue Perlet.
Ces chevaux tractant les tombereaux d’ordures peinent dans la grande montée d’Endoume faite de pavés vite patinés et glissants (il faut doubler les attelages avant de l’attaquer). Les riverains sont souvent réveillés par les cris des charretiers et le bruit des sabots résonnant sur les pavés lisses (témoignages des « anciens » du quartier).

Cette ferme n’est mentionnée dans l’Indicateur marseillais qu’à partir de 1922 (avec fosse au lieu de ferme ! mais les erreurs dans cet ouvrage sont fréquentes) ; celui de 1931 indique bien ferme du nettoiement.
A Bompard, les habitants sortaient leurs poubelles le soir devant leur porte; le cantonnier les récupérait le matin dans un couffin; il vidait ensuite sa collecte à même le sol devant le N° 1 de la rue du Soleil; l’imposant tas d’ordures était enfin emporté par la benne dans la matinée. Mais certains habitants, peu soucieux des conséquences de leur geste, vidaient leurs ordures le soir devant la maison de la famille Bouvier qui subissait les odeurs et la présence des rats devant sa porte !
Les rues ombragées
Sur la colline, seules quelques voies ayant une largeur suffisante ont pu être ombragées avec platanes ou micocouliers. : av. de la Corderie, av. de la Corse, av. Ch. Livon, av. Pasteur, av. Jh. Etienne, place du Terrail. Sur la place du Quatre-Septembre , de jeunes tilleuls avoisinent avec d’immenses micocouliers !



De nombreux platanes plantés dans nos rues au XIXe siècle ont été supprimés car atteints par le chancre coloré – maladie a été amenée dans les caisses de munitions de l’armée américaine lors du débarquement en Provence. Ils ont été remplacés par des micocouliers comme sur l’avenue de la Corse.
Les rues végétalisées
A l’aube du XXIe siècle, les habitants ont pris en main la végétalisation de leurs rues avec l’accord de la municipalité. https://www.facebook.com/media/set/?set=oa.1204109163594334&type=3
