Pour les Marseillais le nom de Silvain évoque surtout le théâtre en plein air créé par Dominique Piazza. https://la-butte-bompard.fr/2023/03/26/le-theatre-silvain/ Mais que sait-on vraiment de ce personnage ?
Les parents de Silvain
Eugène Charles Silvain nait le 19 janvier 1851 à Bourg-en-Bresse, au hasard d’une garnison de son père militaire, François Silvain. Celui-ci originaire d’une famille de cultivateurs du Lot-et-Garonne, est capitaine au 33e régiment d’infanterie (décoré à Solférino); il avait rencontré Madeleine Etienne à Marseille (9e enfant d’une fratrie de 10 dont le père était aubergiste) et l’avait épousée entre deux campagnes.
La scolarité de Silvain
Eugène apprend à lire sous la direction d’un sergent-major pendant les campagnes de son père, mais au retour de celui-ci, il est conduit au Prytanée de La Flèche, ainsi en avait-il été décidé : il serait militaire. Bien que brillant élève durant les 9 années passées dans cet établissement, Eugène y a vécu un épisode dramatique relaté dans un livre écrit par son fils et retranscrit par la presse.

Silvain interrogé en prison s’obstina à redire sa récitation sur le même ton. On fit venir le général accompagné par le colonel commandant en second ainsi que son professeur, l’inspecteur, l’aumônier et le médecin-major ! Silvain dit encore son texte de la même façon. L’aumônier fit appel à un autre élève, le priant de réciter à son tour le passage d’Esther, puis lui demanda de le commenter; devant son silence l’aumônier demanda la même chose à Silvain. L’expérience fut concluante au regard du commentaire clair et subtil du texte de Racine fait par le jeune Eugène (qui fit tout de même de la prison).
Silvain militaire
Silvain venait d’être reconnu admissible à Saint-Cyr quand éclate la guerre de 1870. Il s’enrôle, est nommé sous-lieutenant, puis capitaine d’une compagnie de francs-tireurs; il a à peine dix-neuf ans.

Silvain comédien
La guerre finie, il quitte l’armée; après la mort de ses parents son oncle maternel Henri (Louis Marius Lazare) Etienne, loueur de voitures et vélocipèdes, lui trouve un travail de bureaucrate chez les armateurs Sechiari; le jeune homme consacre ses loisirs au théâtre et abandonne rapidement son emploi. Il fait ses premiers pas dans la carrière d’artiste à Marseille, conseillé par Hadingue, 1er sujet aux théâtres de la ville, et Derville.

A la sortie du Conservatoire, il est admis dans la « maison de Molière » en 1878, est nommé sociétaire en 1883, devient professeur au Conservatoire en 1888. En couronnement à sa brillante carrière, il reçoit la Légion d’honneur en 1897.
Silvain en famille
Le jeune comédien se marie le 15 avril 1886 avec Anne Whiteford; il divorce le 22 février 1895 (ces deux actes sont introuvables). Il se remarie le 3 juin 1896 avec Louise Hartmann (Julie Louise Marthe née le 17 mars 1874 à Vitry-le-Croisé, Aube) qui lui donne deux enfants : Jean et Jeanne.
Jean Eugène André né le 21 septembre 1902 à Asnières embrasse une carrière d’écrivain. Il se marie le 21 mars 1931 avec une artiste marseillaise, Maud Bréville.
Madeleine Bastide (Maud Bréville) a été élève du Conservatoire, a joué au Gymnase, à l’Odéon, à la Comédie-Française; jeune débutante, elle a joué avec Marcel Pagnol; elle a participé aux fêtes du centenaire de Mistral en y interprétant une adorable « Mireio ».

Jeanne épouse à Asnières le 12 juillet 1916 Edmond Roze, administrateur du théâtre du Palais-Royal.
Silvain retraité

Silvain quitte le Conservatoire en 1897 et la Comédie Française en 1903.
Les maisons de Silvain



A Asnières, pas de photo de la maison des Silvain, 22 avenue de la Lauzière, mais un monument « offert à la ville par les amis et les admirateurs d’Eugène Silvain » qui a été élevé en 1934. Sur la cime, trône un buste en bronze du comédien, œuvre du sculpteur Félix Benneteau; à la base un médaillon à l’effigie de son épouse Louise.
