Le Prophète au temps des cabanons

Le Prophète ayant perdu sa qualification de « port » et renommé « anse », a vu de véritables constructions remplacer les cabanes des pêcheurs. Ces bâtisses étaient édifiées sur le domaine public de l’État; les occupants devaient payer une redevance pour une autorisation temporaire et révocable sans indemnité.

Pétition en date du 2 juillet 1894, par laquelle Vincent Ardisson demande à être substitué au sieur Derbès dans l’emplacement qu’il occupe sur le domaine public de l’État, dans l’anse du Prophète, à Marseille. Vu l’engagement souscrit par le sus nommé de payer une redevance annuelle de trente quatre francs. ARRÊTONS :   Le sieur Vincent Ardisson est autorisé aux fins de sa demande sous les conditions suivantes :


    L’emplacement…a la forme d’un rectangle de 4m30 de long sur 3m85 de large…la construction à édifier sur le dit emplacement sera en brique et présentera un aspect convenable… un dessin sera soumis avant exécution à MM. les ingénieurs du service spécial maritime.
    L’emplacement et ses abords ainsi que la dite construction devront être tenus en bon d’entretien et de propreté.     Le faîte de la construction ne pourra dépasser le sol du chemin de la Corniche.     Le passage terrasse qui se trouve devant la dite construction devra toujours être maintenu libre pour le public.     La superficie occupée par l’ouvrage dont il s’agit sera de 16,56 M2.

Pendant la guerre de 39-45, les cabanons du Prophète sont réquisitionnés « pour des raisons d’ordre militaire » par les occupants.

un cabanon dit « chalet Barbe d’or » !

Pas plus grand qu’un mouchoir de poche, (16 m2 environ), le cabanon est occupé le dimanche par les amoureux de la mer, pêcheurs, canotiers ou simples amateurs de bouillabaisse ; le jeudi, les enfants y reçoivent leurs amis.

Mmes Deghilage et Challiol, et leurs enfants vers 1935

Pendant la saison d’été (1945-1950), une délicieuse odeur s’échappe du cabanon de Mme Ferrari, déferle sur la petite plage, s’impose. Les baigneurs submergés ne résistent pas au pouvoir flottant de l’odeur. Il est près de midi, la baignade a creusé les appétits…grands et petits s’empressent d’acheter les cornets de papier gris remplis de frites chaudes.

Modernisation… la pizza remplace les cornets de frites de Mme Ferrari !

Dans les années 60, plusieurs cabanons ont été prolongés par des « terrasses » envahissant l’espace « plage » (dont une pizzeria); il restait alors peu d’espace libre sur le sable pour les baigneurs.

Dominant la plage, le « Villepontoux » était resté célèbre pour ses glaces et a été démoli lors de l’agrandissement de la Corniche.

Le commerce sis 343 promenade de la Corniche, apparait en 1902 dans la rubrique « Bar » ; en 1920, il est dit « Bar du Terminus » ! Une ligne spéciale du tramway appelé « Le Prophète » partait alors de la Joliette et s’arrêtait là. Puis il devient « Café » et « Restaurant ». Ce restaurant a été créé par Jean Arthur Villepontoux ancien entraineur motocycliste et ancien manageur de boxe avisé (il avait présenté Al Brown pour la première fois à Paris).

Pour accéder à la plage (avant la reconstruction de la Corniche), il fallait passer sur les terrasses des cabanons, et cela ne posait pas de problème. Mais trouver un petit espace entre les rochers pour poser ses affaires de bain était plus difficile, car il fallait éviter d’être trop près des conduites d’évacuation des eaux usées des cabanons (qui arrivaient directement dans la mer). A l’époque il n’y avait pas de prélèvement de l’eau de mer à des fins d’analyse (heureusement, car la baignade aurait été continuellement interdite pour des raisons sanitaires). Le collecteur principal des eaux usées entre Malmousque et le Prado a été construit entre 1959 et 1964.

Un de ces cabanons appelé « Villa Les Oursins » a été le siège du Yachting-Club-Prophète. https://la-butte-bompard.fr/2024/09/01/societes-et-clubs-au-prophete/

Au Prophète les cabanons ont fait place au béton.

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