La mode au début du XXe siècle est régie par un code auquel hommes et femmes se conforment. Tous s’habillent en fonction des occasions, et il n’y a pas de place pour l’expression individuelle.

Artisans et commerçants de la mode sur la Gardie
A cette époque, la Mode fait vivre de nombreux artisans et commerçants à Marseille : brodeuses 14, chapeliers 95, marchands de chaussures et cordonniers 580, couturiers 30, drapiers 4, Nouveautés, châles et soieries 31, passementiers 11, marchands de pelleterie 6, plumassiers 7, rubans 8, soieries 36.

Peu de traces subsistent des commerces installés sur la colline : fabricants et vendeurs de corsets 1 (80 EV), fripiers 2 (44 EV), cordonniers 21 (580 EV), lingères 2 (22 EV), merciers 20 (382 EV), repasseuses 9 (280 EV), tailleurs pour hommes 3 (300 EV), tailleuses pour femmes 5 (420 EV), sabots (Louis Broc, 246 rue d’ Endoume). (EV = en ville)
Magasin de modes
Ce type de commerce est ainsi défini : « fournitures pour modes, fabrique de chapeaux pour dames »; ils sont au nombre de 185 pour toute le ville en 1900, dont ceux de Mlle Chauvet 9 rue de Caze et V. Imbert 50 bd de la Corderie auxquels se joignent en 1910 Mme M. Casimiri 113 rue Sainte, en 1920 Amalric et Y. Regina 1 rue d’ Endoume et en 1922 Mmes Biros et Bousquet 9 rue de Caze.
Modes 7 rue Chateaubriand : Marie Thérèse Charrier-Chauvin est employée dans ce magasin; elle confectionne des chapeaux.

Chapeaux
La société en France est menée par les classes bourgeoises, qui n’envisagent pas de sortir sans chapeau, être « en cheveux » étant alors réservé aux ouvrières. Les chapeaux des femmes s’adaptent à chaque occasion : thé, dîner, promenade… Ils sont très grands pour équilibrer la jupe cloche, garnis de plumes et autres décorations parfois délirantes, et maintenues par des épingles à chapeau. Ce sont les modistes qui créent les chapeaux en suivant les tendances de la haute couture parisienne.
La mode « chapeaux » pour les hommes varie en fonction de la saison et de la classe sociale : le haut de forme (chapeau élégant qui distingue une certaine classe), le melon et le diplomate (pour un usage courant), le canotier ou le panama l’été, la casquette (coiffure des classes laborieuses et des fonctionnaires civils, qui est adoptée comme coiffure de voyage et de sport pour sa commodité) .
Chapelier 8 bd Bompard : Terras est répertorié (Indicateur marseillais) comme chapelier au 8 bd Bompard de 1916 à 1922. Ce commerce sera occupé ultérieurement par un chemisier.

Parapluie, ombrelles et éventails
Ombrelle, éventail et chapeau sont les accessoires favoris des jeunes femmes au début du XXe siècle et la canne celui des hommes.

Les ombrelles qui protègent le teint du soleil, sont assorties aux vêtements des femmes élégantes. La canne est l’accessoire de l’homme élégant. Les chapeaux des femmes sont assez grands, garnis de fleurs et de plumes (les plumes d’Autruche dites « amazones » ou » pleureuses » sont à la mode).


Fabricants et marchands de chaussures
Peu de fabricants de sabots à Marseille en 1900 et pourtant il y en a un à Endoume dont il ne reste pas de trace, ni pour la manufacture de la rue Chantecler remplacée désormais par un immeuble !

La façade du 204 (ex 242) chemin du vallon de l’Oriol conserve la trace d’un ancien commerce de chaussures (fabricant ou commerçant ? ).
La rubrique « chaussures dans l’Indicateur marseillais 1900 compte 55 noms dont 4 localisés sur la colline : Bocchino rue Clotilde 17; Guarini D. rue Châteaubriand 39; Peronon rue d’ Endoume 32; Tournier J. rue *de Caze 9.
Marchands de chaussures. Sur la colline en 1922 : Buscame Em. bd de la Corderie 54; Peyrachon rue Berle 4; Roig G. rue de l’Abbaye 1; Turisse Dlle rue de Caze 9.
Chaussures Place St-Eugène : Au N° 2 de la place a tout d’abord travaillé un cordonnier (pendant 24 ans !); lui ont succédé des marchands de chaussures.

A noter que la vente de parapluies était souvent associée à celle des chaussures.

Un papier d’emballage du chausseur « Albert » qui était établi au 234 rue d’Endoume a été conservé par une de ses clientes endoumoise.
Lui a succédé un premier commerce (toujours de chaussures), comme le suivant appelé par S. Pujol « Pourquoi pas » .
Cordonniers et bottiers
En 1883, sur la Gardie de nombreuses ruelles sont toujours pierreuses et ravinées les jours d’orage… les talons des dames en souffrent… Les échoppes des 8 cordonniers installés sur la rue d’Endoume travaillent beaucoup ainsi que celle sise au 29 rue De Caze.

En 1900 la ville compte 580 cordonniers-bottiers dont 21 sur la Gardie : N°1 bd Bompard; N° 18 rue de la Colline; N° 2 rue Malmousque; N° 53 rue Samatan; N° 17 rue du Plateau; N° 5 rue Port-Said; N° 1 rue de l’Arlequin; N° 78 rue St-Lambert; N° 28 de la rue de Caze; N° 70 et N° 75 rue Vallon des Auffes; N° 11 rue Crinas; N° 117 ch. du Roucas Blanc; vallon de la Fausse Monnaie; N° 4 rue de l’ Étoile; N° 34, 53, 262, 302 rue d’ Endoume et N° 16 vallon de l’Oriol.
En 1946, le cordonnier H. Bonneaud a une petite échoppe au vallon de l’Oriol.

Un article de journal conservé par sa famille permet de faire le lien avec Marius Amielh, cordonnier dont se souvenaient les anciens du quartier : dans son échoppe, il avait imaginé, pour pallier à son handicap, de suspendre un pantin au-dessus de son établi, qui, relié à la porte du magasin*, s’agitait dès qu’un client entrait.
*(le 151 bd Bompard dans l’Indicateur marseillais entre 1925 et 1930 correspond au N° 153 en 1970 )
Merciers
L’Indicateur marseillais indique 382 merciers pour tout Marseille en 1900 dont une vingtaine installés sur la Gardie : bd Bompard 21; rue d’ Endoume 54, 101, 170, 176, 187, 261; place St-Eugène 14; rue Clotilde 13, 28, 34; rue des Lices 43; rue de Caze 14; rue du Vallon 11; vallon de l’Oriol 12; rue du Plateau 3; bd de la Corderie 68, 109, chemin du Roucas Blanc 76.
Les Anciennes du quartier se souviennent des merceries de : Mme Rabbia, rue d’ Endoume 195, (depuis 1922), Mme Jacardi bd Bompard 31, J. Bastelica bd Bompard 125

Et en 2024, rue Sauveur Tobelem 51 : https://www.surtouteslescoutures.fr/categorie-produit/mercerie/
Repasseuses
En 1900 Marseille compte 280 repasseuses dont 9 sur la Gardie.

Trousseau et broderies
Le trousseau est un ensemble de différentes pièces du linge de corps (ou lingerie) et du linge de maison.
Le chiffre : comprend tourtes les broderies formant initiales ou monogramme décorant le linge de maison ou la lingerie (chemises de corps, jupons, chemisiers, chemises de nuit…)
Les jeunes filles brodent leur trousseau en attendant le mariage !

En 1900, Marseille compte 22 lingères et 76 commerces de lingerie dont Mme Vve Villemin 11 chemin du Roucas Blanc et dlle Amoretti 94 rue d’ Endoume.

Corsets
En 1900, les femmes sont toujours prisonnières du carcan hérité du XVIe siècle : le corset. Marseille compte 80 commerces « corsets » dont un au bd de la Corderie N°2, tenu par Victorine Fournier.

Après la guerre, ce sont les Années Folles : la Mode change ainsi que les modes de vie : les femmes se libèrent des corsets et des jupes longues.
Tailleurs et tailleuses
En ville 300 tailleurs et 420 tailleuses sont des ouvriers et ouvrières qui confectionnent des vêtements (pour hommes et pour femmes et 30 couturières travaillent soit à leur compte (comme les tailleuses) soit dans une maison de couture en 1900.
Les tailleurs : 3 sur la Gardie : Amiel Albert traverse Pey 7, Desvingt fils (coupeur) rue du Plateau 27, Dispachi L villa Camille rue Berle.
Les tailleuses : 5 sur la colline : Mme Garnier rue de Caze 31, Adrienne Mourre rue Port-Said 7, Mme Paul rue St-Lambert 85, Mme Giona chemin de la Corniche 53, dlle Reynaud vallon de l’Oriol 17.

Machine à coudre ayant appartenu à mon arrière grand-mère, couturière, puis à sa petite fille; elle a sa place désormais chez la 4e génération !
Couturières et maisons de couture
Sont répertoriées en 1922 à Marseille 64 couturières dont Mme Laure Clary rue Chateaubriand 81, Dlle Marceline Ferrere rue St-Lambert 80, Mme Oddolay rue du Vallon 1.
La Haute Couture offre des modèles « de Paris » dans 9 magasins « chics » du centre-ville !
Léonie Lion-Lippi après avoir fait son apprentissage chez Mme Rusterucci-Haute Couture, a ouvert sont propre atelier rue d’ Endoume 152.
*Rue de Caze cf : https://la-butte-bompard.fr/2024/11/16/rue-decazes-ou-de-caze/
La suite : https://la-butte-bompard.fr/2024/12/11/la-lingerie-au-debut-du-xxeme-siecle/
