Les traditions de Noël (I)

Se rendre à la « Foire aux santons » pour acheter ces petits personnages indispensables pour faire la crèche, est un rendez-vous immanquable au début du mois de décembre pour les Marseillais depuis plus de deux siècles.

La foire aux santons

Mais « faire la crèche » est une tradition beaucoup plus ancienne en Provence. Jusqu’à la Révolution de 1789, seules existaient les crèches dans les églises; elles furent interdites par le gouvernement anticlérical. Les Provençaux, toujours rebelles décidèrent alors d’avoir une crèche chez eux façonnant leurs santons en mie de pain !

Les premiers santons en argile ont été créés à la fin du XVIIIe siècle par Jean Louis Lagnel qui imagina aussi la technique du moule pou reproduire ses petits personnages. Dans les premières crèches, il n’y avait que les cinq santons bibliques : la Sainte famille et les deux animaux de la grotte.; puis s’y sont ajouté, comme dans les églises auparavant, bergers, bergères et moutons, et quelques types de la vie populaire : fileuse, meunier, porteuse de fleurs et de fruits.

Mistral signale quelques types principaux vendus dans les Foires aux santons : le meunier, l’aiguiseur, le tambourinaire, l’ange Boufarèu. Suivent les pastres, les paysans, les valets de ferme, le chasseur, le pêcheur, la bugadière, l’aveugle ainsi que les artisans : l’aiguiseur, l’estamaïre, le charbonnier, le ramoneur, le vannier, et encore le tambourinaïre, la poissonnière, la marchande de brousse ou d’escargots. Sans oublier les bohémiens.

Leurs accessoires (objets de leurs offrandes) caractérisent les santons (meule et couteaux de l’aiguiseur, sac de farine du meunier, canne du pêcheur, gibier du chasseur, tambourin du musicien, quenouille de la fileuse), plus que leurs costumes (braïo, jargan, camisole, caban, barreto) qui sont ceux des paysans des campagnes et des artisans des villes : ils sont tous provençaux.

Le santonnier

Le père de Marcel Carbonel, électricien, fabriquait en 1900 des crèches en liège qu’il vendait à la Foire aux santons. Après sa mort accidentelle en 1923, Marcel quitte les Beaux-Arts, mais décore les santons d’une santonnière, Mme Guinde. En 1935, il crée ses premiers santons; en 1942, il s’installe successivement rue Fort-Notre-Dame, rue du Commandant Surian. ses descendants créent une SARL qui loge à la rue Grignan en 1977, et enfin au 47 rue Neuve Sainte-Catherine depuis 1935

Les ateliers « Marcel Carbonel », magasin de vente et ateliers, sont ouverts au public. Les visites guidées comprennent l’explication des étapes de fabrication du moulage à la cuisson, en passant par la fabrication des couleurs et la décoration des santons.

Dans une boite en carton sommeillent les petits santons …

Le berger, le rémouleur et l’enfant Jésus rédempteur …. Cette chanson désormais traditionnelle fut interprétée pour la première fois en 1935 par Tino Rossi (paroles de René Sarvil, musique de H. Ackermans.

La crèche. On la commence le 1er dimanche de l’Avent et un à un, comme les santons qui sortent de leur boite, ressurgissent en moi les souvenirs d’enfance liés au merveilleux qui envahit cette période. La crèche est démontée traditionnellement quarante jours après Noël (le 2 février).

Le dimanche, nous allions en famille à la Ste-Baume pour ramasser de la mousse pour notre crèche et cueillir le houx destiné à la décoration de notre table de Noël; nous cueillions aussi le gui sous lequel on s’embrassait au jour de l’an. Ces ramassages sont désormais interdits dans la forêt domaniale.

On n’oublie pas d’y ajouter une petite veilleuse ciselée dans une écorce de mandarine dont la flamme vacillante et parfumée doit protéger la maison.

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