Une dédicace… un homme…

Une dédicace

Dédicace découverte dans la plaquette publiée par l’Association Amicale des Anciens élèves du Collège Technique à l’occasion du 29eme Congrès de l’Enseignement technique qui a eu lieu à Marseille en 1924.

Cette plaquette a été offerte en 1964 à Bapt Bonavia alors Directeur des Services de l’Instruction publique à la Ville de Marseille par Jorgi Reboul qui la lui a dédicacée :

« A Mèstre Bonavia, montagnard passionné, ardent provençal, cette page d’un vieil… amoureux de notre colline ».

La montagne et la Provence étaient-elles les seuls points communs entre ces deux hommes ?

Plusieurs articles retracent la vie de ce poète provençal et permettent de comprendre ce qui a motivé cette dédicace, et en particulier cette biographie : https://journals.openedition.org/lengas/1785

Jorgi Reboul et Bapt Bonavia

Les échanges entre les deux hommes ont dû avoir lieu dans le cadre de leur travail -les Services de l’Instruction publique de la Ville de Marseille- services que dirigeait Bapt Bonavia (entre 1960 et 1970) et dans lesquels Jorgi Reboul travaillait en fin de carrière (il avait été précédemment secrétaire-surveillant dans l’administration de l’École pratique d’industrie, rue du Rempart, et occasionnellement remplaçant pour les cours de français).

Les Excurs marseillais : Jorgi Reboul y adhère en 1919 sous la présidence de Paul Ruat ; Bapt Bonavia est le président de cette Société lors de leur rencontre en 1964.

Prisonniers de guerre : ils l’ont été tous les deux durant la Seconde Guerre mondiale.

Endoume : j’imagine, bien que ce nom n’apparaisse pas dans la dédicace, qu’il a dû être un sujet de conversation entre les deux hommes, Jorgi Reboul ayant habité rue d’Endoume (cf Lou Calen) durant de nombreuses années, et Bapt Bonavia le quartier Bompard toute sa vie !

Lou Calen

Lou Calen -nom de la lampe à huile provençale ancienne- donné à l’ association fondée par Jorgi Reboul en 1925 qui est un foyer félibréen d’action populaire

A sa création, l’Association est domiciliée chez les parents Reboul bd des Dames, puis au 102 rue d’Endoume, maison que Jorgi occupe au début de son mariage en 1938.

L’association propose des randonnées pour « retrouver notre terre », mais aussi des danses et des chants provençaux. Des stages de culture populaire provençale à visée pédagogique sont organisés à partir de 1946. Ils ont lieu pendant les vacances de Pâques, dans une école; s’y retrouvent félibres, occitanistes, ajistes, anciens de l’école du Rempart, enseignants du SNI et de l’École Moderne -fondée par Célestin Freinet, mon maitre en pédagogie – avec lequel Jorgi Reboul correspondait, qui ne refusait pas le parler « patois », certes, mais n’en préconisait pas l’usage à l’école.

Le militant laïque

Jorgi Reboul tient une page consacrée à l’étude de la langue provençale dans le « Bulletin du SNI-BdR » (Syndicat National des Instituteurs) et participe régulièrement à la « Quinzaine de l’École laïque » au Stade vélodrome de Marseille.

Il est alors très proche de Gabriel Vialle et Jean Briand, secrétaires généraux du SNI, qui obtiennent des subventions pour « Lou Calen ».

La lutte contre les « histoires marseillaises »

A la fin des années 20 se développe la mode des histoires dites « marseillaises » , « récits créés par des Parisiens de souche ou d’adoption se moquant de façon caricaturale des Marseillais ou des Méridionaux ». Jorgi Reboul s’implique en 1938 via le bulletin de Lou Calen dans une lutte contre ces caricatures grotesques, fustigeant leur caractère grossier et caricatural, dénonçant « la dénigration (sic) malsaine qui semble jalouse de notre lumière et de notre pensée ».

Une affichette est créée par Max Rouquette, président du Comité d’Action contre les histoires marseillaise.

La campagne qui a pour objectif de « rendre sa dignité à Marseille et aux Méridionaux » est soutenue par la majorité de la presse à l’exception de quelques journaux locaux qui diffusent ce genre de « blagues ».

La déclaration de guerre en septembre 1939 met un terme définitif aux « histoires marseillaises et au Comité qui avait été créé pour les contrer .

Note : Bapt Bonavia est décédé en 1970 et Jorgi Reboul en 1993.

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