PRÉLUDES À LA GUERRE
Premier signe avant-coureur d’un feu qui couve, la loi du 11 juillet 1938 –ORGANISATION GÉNÉRALE DE LA NATION POUR LE TEMPS DE GUERRE– définit le rôle de la Défense Passive. D’autres signes laissent présager, début 1939, que la tension extérieure monte et ne va pas tarder à éclater. Le 30 janvier, le ministère de la Défense Nationale et de la Guerre envoie une lettre de service aux « requis civils » et une carte de réquisition individuelle.
Les écoles et autres administrations reçoivent le livret de 1938 : INSTRUCTION PROVISOIRE SUR LA LUTTE CONTRE LES INCENDIES PROVOQUÉS PAR LES BOMBARDEMENTS AÉRIENS complété par une NOTICE SUR LES MESURES À APPLIQUER EN CAS DE SURPRISE PAR LES GAZ datée du 18 janvier 1939.
A la suite d’un arrêté municipal de février sur la Défense Passive a lieu le premier exercice; le 7 mars de 19 à 20h30, extinction de toute lumière dans la ville provoquant un inquiétant théâtre d’ombres auquel assistent les autorités civiles et militaires depuis la terrasse de N D de la Garde.
Un recensement de la population précède la distribution « restreinte » de masques à gaz. Fin août, de sombres affiches couvrent les murs de la ville, appelant les réservistes à rejoindre leurs corps. L’armée réquisitionne aussi animaux et véhicules provoquant une inhabituelle animation entre le Bd de la Corderie et la plage des Catalans, aux abords des casernes d’Audéoud et d’Aurelles.
Le 28 août marque le début des « restrictions » : les journaux ne paraissent plus que sur 6 pages.
Le 2 septembre l’avis de déclaration de guerre est placardé sur tous les murs de Marseille.
De ce jour, et jusqu’à l’occupation de la zone Sud par l’armée allemande le 12 novembre 1942, notre colline subit les effets du conflit comme tous les autres quartiers de la ville : les hommes jeunes partent au front pour combattre, mourir ou être faits prisonniers, les femmes gèrent avec difficulté les restrictions imposées par cartes et tickets d’alimentation, de textiles, de papier, de charbon, de savon, ainsi que le marché parallèle dit « marché noir »; les enfants vont toujours à l’école.

