L’anse du Prophète : un port

Le tableau ci-dessus- Le Prophète- est l’œuvre de L. Roberti employé municipal et peintre amateur vers 1900-1910. De nombreuses cartes postales montrent l’évolution de l’anse du Prophète dans laquelle a été construit un petit port de pêche entre 1895 et 1898. Ce port-abri signalé sur les plans de la ville dès 1897, a été déclassé en 1942 , et suite à son ensablement progressif, est devenu une plage populaire.

Le port de pêche

L’anse du Prophète a tout d’abord abrité un hameau de pêcheurs composé de quelques cabanons et de leurs barques protégées de la tempête par une digue.

Une carte de la marine datée de 1898 indique les caractéristiques des fonds marins du port du Prophète.

Les cabanons

A l’origine le cabanon sert d’abri pour le matériel de pêche et ne comporte qu’une unique pièce. Mais peu à peu il s’agrandit et devient une petite résidence pour les loisirs du dimanche et des vacances. C’est ainsi qu’au début du XXe siècle, le nombre de cabanons et de barques a augmenté.

et les barques occupent toute la plage couverte de varech.

Cette photo prise en 1901 a fixé pour la postérité des promeneurs posant à côté des pêcheurs du Prophète.

La jetée et la digue

Sur cette carte postale (début du XX° siècle) on aperçoit un promeneur en chapeau melon flânant sur la jetée.

Mais aucun ancien du quartier ne se souvient du petit pont qui reliait alors la plage à la digue, la fureur des vagues l’ayant un jour emporté, à l’aube du XX° siècle.

Les journaux, au lendemain du dimanche 19 novembre 1916, décrivent les dégâts causés par une tempête d’une rare violence. Au Prophète, les cabanons sont détruits, 30 embarcations emportées par les rafales vont s’écraser sur les rochers. Les vagues montent à l’assaut du parapet, submergeant la Corniche.
Lors d’une autre tempête, un navire-école italien fait naufrage au large du Prophète ; les corps des marins noyés sont déposés au centre Croix-Rouge du petit port.

Les jours de tempête, les vagues passent par dessus le parapet, inondant la chaussée, arrosant piétons et véhicules, comme en témoigne la carte postale ci-dessous (retrouvée par hasard chez un cartophile et rendue à la famille Fabre).

La digue non entretenue faute de crédits depuis 1942, frappée par les vagues, a cessé de protéger la flottille de pêche ; le Prophète envahi par le sable a cessé d’être un port, mais est devenu une plage.

Déclassement du port du Prophète

Lettre de la Direction des Ports adressée au Ministre des Travaux Publics et des Transports en 1942, lui annonçant le déclassement du port du Prophète.

 » Je vous rappelle que le petit port du Prophète avait été construit de 1895 à 1898, aux frais du département des Bouches du Rhône et de la ville de Marseille, l’État n’étant pas intervenu dans le financement des travaux. A peine le port du Prophète était-il terminé qu’il apparut que l’exécution de la jetée avait modifié le régime de la plage naturelle de l’anse du Prophète. Cette plage s’engraissa immédiatement à l’intérieur du port. A la suite de nombreuses réclamations quelques travaux furent exécutés aux frais du département et de la ville pour remédier à la situation. Mais tous ces travaux demeurèrent finalement sans effet. Par ailleurs, en 1937, la jetée subit des dégâts très sérieux au cours de deux tempêtes violentes survenues les 19 et 26 janvier. Il a été estimé, à cette époque qu’il était inutile de s’obstiner à conserver un port à un endroit où tous les travaux entrepris depuis plus de 40 ans avaient complètement échoué. C’est  pourquoi, sur la proposition de M. Gourret, directeur du Port de Marseille, le port du Prophète a été déclassé. »

Reconstruction du port du Prophète ?

Un article paru dans « La Provence » du 22 août 1988, évoque un projet porté par Yves Bergès, président du Yachting-Club-Prophète. La municipalité s’intéresse à ce projet qui présente plusieurs avantages : l’ensablement de la digue serait arrêté, les épaves et détritus passeraient au large de la nouvelle digue, et le Y.C.P. pourrait développer ses activités. Mais le projet n’a pas été adopté. Et la plage a continué de s’ensabler !

Un projet insolite rejeté

Le commerce maritime marseillais, florissant au XIX° siècle, nécessite l’agrandissement du port. De nombreux projets sont élaborés privilégiant l’extension des ports soit au nord (ils aboutiront à la création du port de la Joliette), soit au sud (plage du Prado, anse des Catalans, anse de la Fausse Monnaie).

Parmi les projets d’aménagement de la côte sud, un concerne plus particulièrement notre quartier : celui déposé par le colonel Deshorties le 8 mars 1877 (modifié et présenté de nouveau le 1° mars 1881).

En voici les raisons :
    – lorsqu’il élabore ce plan, le colonel Deshorties habite au milieu du Bd Bompard et une partie de ses descendants y résidait encore à la fin du XXe siècle.
    – le projet combine un grand bassin dans l’anse des Catalans, un avant-port tourné vers le S. W. et un grand port avec môles obliques, dit port de l’Oriol, entre la pointe d’Endoume et le Roucas-Blanc.


Le projet du colonel Deshorties est rejeté -comme ses concurrents- à cause du massif de la Garde, cloison étanche qui isolerait le port de l’Oriol tant du Vieux-Port que de la ville (enquête d’utilité publique du 24 novembre 1881).

Derniers regards sur le port du Prophète

La Prophète vu par un peintre pour une pub et sur une carte postale (éditée pour la Marine ?).






2 réflexions sur “L’anse du Prophète : un port

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